gavroche a écrit :ce fantasme du peuple chez les néo-bourgeois qui veulent son bien
Je ne fantasme pas, je connais la culture ouvrière - et bretonne. Et cela même si j'évolue dans un milieu petit bourgeois qui pète plus haut que son cul vis à vis de cette population.
Etant issu d'un milieu militant, t'inquiète, le peuple n'a pas besoin de moi -petite journaliste - pour être sauvé !
oh oui, c'était mieux avant , hein ,
dis tu sais qu'il y a quelques décennies les gens de ton espèce interdisaient à ma mère, à ses frères et soeurs et à ses tantes de parler breton dans la cour d'école ? Pourtant on sait que le bilinguisme est un "moyen d'excellence" comme tu dis
sous-entendu qu'elles relèveraient d'une authenticité opposable à l'artificialité voire à la préciosité ridicule de la "culture bourgeoise".
Jamais dit ça. C'est toi qui met une notion de valeurs là dedans ! quand tu parles de "haute culture" tiens !
Moi je défends l'existence d'une culture populaire, qu'elle soit celle des ouvriers de billancourt, des paysans bretons que la troisième république que tu dois adorer a tué, que ce soit celle des quartiers ou du rap...
ah, au fait, faire des jolies phrases bien longues et alambiquées, ca n'a jamais rendu un discours plus convainquant... parole de journaliste qui elle a l'humilité de vouloir être lu et comprise par le plus grand monde possible... ( t'inquiète, je t'ai compris ! J'ai la chance d'avoir un papa ouvrier et une maman prof, ce qui fait que je comprends les deux milieux... ouvrier et petit bourgeois coincé du ciboulot )
Excusez-moi, mais notre discussion ne pourra pas continuer longtemps, de mon fait. D'abord parce que je fatigue un peu sous l'avalanche de lieux communs, ensuite parce que je ne suis pas très chaud pour le tutoiement obligatoire, ensuite parce que je préfère dialoguer avec des gens qui construisent un peu leurs phrases et surveillent un peu leur orthographe (on peut user de la fonction "éditer", par exemple), ensuite parce que dans ma tête les adultes ne disent pas, en public tout au moins, "mon papa" et "ma maman".
Comme je déplore justement, en général et en tant que lecteur ou auditeur égoïste, un certain relâchement du langage chez les journalistes, dont beaucoup ne se préoccupent plus de leurs phrases et forcent donc le lecteur ou l'auditeur à un détour par le contexte, je ne suis pas étonné de trouver sous votre plume l'alibi de "vouloir être lu et comprise par le plus grand monde possible...". Là je dirais "tarte à la crème" si l'heure était à la rigolade et si cette proposition n'était pas le diamant pur de l'idéologie de la condescendance. Quelle opinion avez-vous de ces gens vers qui il faudrait descendre ?
Que doivent donc comprendre ces heureuses foules dans ce qui suit:
"Etant issu d'un milieu militant, t'inquiète, le peuple n'a pas besoin de moi" ?
Que le peuple est issu d'un milieu militant ? Non, à l'évidence vous vous désignez vous-même ; d'abord on s'en doute bien, et le peuple issu de etc., c'est absurde. Qu'avez-vous voulu dire ? On s'en doute, et ça vous suffit. Eh bien ce type de phrase nous est asséné tous les jours, dix fois, vingt fois. Ce matin à France-Culture, à propos d'un Italien présumé terroriste, on nous disait qu'il "affirme être toujours innocent". Est-ce que c'est bien ce que l'on voulait dire ? Je ne crois pas. Le "plus grand monde possible" est-il toujours en état de relever la petite nuance (pas si petite du point de vue de la défense) ?
Parce que le vrai problème qui nous occupe, enfin qui en occupe certains, c'est que si l'école envoie en fac des jeunes qui ont des difficultés à lire les énoncés (renseignez-vous, ce n'est pas moi qui le dis), si des "profs" de haut niveau se mettent au relâché, si les journalistes eux aussi lâchent la langue (et jusqu'à la logique, comme on l'a vu), si le personnel politique le plus en vue (des deux côtés), comme on sait, ne relève pas le niveau, et si le public enfin n'y
entrave plus rien... je ne sais pas quelle "culture populaire" va sauver le bateau. Certainement pas le rap, dont vous m'épargnerez de vous copier-coller des textes, et que vous appariez sans complexe à ces vieilles cultures populaires - dont pourtant vous semblez avoir une haute idée.
Pour ce qui est de la "haute culture", oui, je persiste, elle est à qui veut, ou plutôt à qui l'aime et fait ce qu'il faut pour la mériter, mais notre temps la renie, et nos "élites" les premières. Rien en mon esprit ne l'oppose aux cultures populaires dont elle a tiré, nécessairement, sa première sève et où elle retourne souvent se nourrir - seulement elle s'est bâtie comme un miracle, qui tenait à une combinaison de facteurs dont aucun ne pouvait manquer, et nous devons nous montrer reconnaissants de cette richesse, et la transmettre, avec tous ses éléments, dont la langue est le plus vital et le plus délaissé. Ce n'est pas au breton ou aux autres langues régionales qu'on s'attaque, non, au contraire, on les bichonne - il y aurait donc des langues à respecter - mais le français, cette vieille chose bourgeoise, complice de tant de crimes...
Ce matin, toujours sur la même radio, j'ai appris qu'un hebdo (certainement) titrait récemment: "l'orthographe, cette injustice" ou à peu près. Aussi, Danièle Sallenave (normalienne, écrivain, membre du collectif "Sauver les lettres", auquel je suis pour ma part étranger) a donné une chronique sur Closets et l'orthographe, qu'on peut écouter sur le site. Elle ou Alain Finkielkraut, présent aussi, a dit aussi en substance: "Closets envisage la langue comme quelque chose qu'on écrit, mais une langue c'est aussi quelque chose qu'on lit". Gageons que le "plus grand monde possible" pensera que c'est une lapalissade.
corrigé: succession de que et de si, sans importance pour le sens