Message non lu
par coco47 » 18 févr. 2009, 03:40
J’appartiens à une génération de correcteurs pour qui on écrivait au temps pour moi, point barre. Je sais qu’il y a pourtant des contestataires, correcteurs ou spécialistes de la langue, et que la discussion sera sans fin. Moi, si je tiens pour au temps et non autant, c’est rapport à mon passé. J’explique.
J’ai fait jadis un service militaire de seize mois. Une des activités favorites de toute caserne était alors ce qu’on appelait l’ordre serré. Ça consistait à marcher au pas, à alterner garde-à-vous et repos, à travailler le présentez armes ! arme sur l’épaule ! reposez arme !
Quand un bidasse maladroit (en argot de caserne on dit une brêle) ratait un mouvement, le sergent instructeur gueulait : Autant pour la brêle ! J’écris autant parce que je suis sûr que c’est ce mot qu’il voulait employer. Mais ensuite il nous fallait reprendre l’exercice à la phase qui avait précédé l’erreur de la brêle, donc on revenait au temps précédent.
Pour le reposez arme ! il fallait que toutes les crosses frappent le sol dans le même dixième de seconde, avec un bruit sec. Quand c’était raté et que l’on entendait un bruit en cascade, comme un roulement de crosses, le sergent hurlait : Autant pour les crosses ! Et on recommençait au temps d’avant.
Bien sûr, autant ou au temps, je m’en foutais considérablement à l’époque, mais ce souvenir me fait opter définitivement pour au temps.
L’avantage d’être vieux, c’est qu’on a un vécu…