Les bulletins de piges consécutifs sont peut-être considérés comme des CDI au bout de trois mois, mais il me semble difficile dans certains cas d'obtenir gain de cause lorsque la collaboration s'arrête. Le volume des piges varie en effet d'un mois sur l'autre à moins d'avoir en charge une rubrique fixe, le journal n'est pas forcément un mensuel (quid pour un trimestriel avec 4 malheureuses piges dans l'année ?), souvent les paiements sont irréguliers ou regroupés par la compta, etc.
Ensuite, on perd parfois un employeur car le média s'arrête tout simplement, ce qui ne signifie pas obligatoirement que vous êtes licencié et que vous ne retravailleriez plus avec le groupe. Bref, par expérience, pas facile de revendiquer quoi que ce soit en général, car personne ne vous signera une lettre de licenciement sachant que personne ne vous a réellement embauché.
Autre contradiction : en théorie, toujours, être payé sous forme de salaire implique de pouvoir bénéficier de congés payés, de congés maternité, des avantages du CE et... même d'un contrat ? Hormis les grands groupes qui font parfois les choses dans les règles, cette situation me paraît exceptionnelle. Sans doute pourrez-vous le confirmer.
Et parfois je m'inquiète aussi pour la retraite : l'organisme qui les gère arrivera-t-il à tout retrouver, quand on peine à faire l'addition au moment de déclarer ses impôts ? (en sachant bien sûr que les paiements en droits d'auteur sans être enregistré aux AGESSA ne donnent droit à rien, malgré la cotisation... à fonds perdus).
Bref, à mon sens, les syndicats serviraient à quelque chose dans notre cas s'ils se penchaient un minimum sur ces questions, plutôt que de défendre en priorité les salariés "fixes" qui ne sont pas les moins bien lotis du système. Quant au Gouvernement, s'il est capable de pondre une multitude de lois face à la précarisation de l'emploi, il pourrait peut-être s'intéresser à la condition de pigiste, travailleur solitaire, ignoré et incompris...
Pour autant, aller dormir dans un bureau tous les jours à la même heure ne me fait pas vraiment rêver !
