Bonjour,
Pour tenter de vous répondre : un correcteur de métier corrige, normalement, d'office ce qui est fautif – sans en référer à l'auteur, donc –, mais devrait se contenter de vous "suggérer" des modifications, là où le texte visé ne présente pas de "fautes" à proprement parler – surtout s'il s'agit d'un ouvrage littéraire.
D'un autre côté, quand on est l'auteur, on doit aussi pouvoir défendre ses choix stylistiques et autres, et les imposer au besoin – ou accepter parfois d'en changer, si le correcteur a su se montrer convaincant
Il est toujours délicat, pour le correcteur, de prendre la mesure de ce qui est "intentionnel" de la part de l'auteur – qu'il faut donc lui laisser – et de ce qui relève de la simple négligence ou maladresse – que l'auteur lui-même sera bien content, alors, de voir modifié par le correcteur.
C'est généralement par la concertation que le correcteur finit par trouver jusqu'où il peut agir de lui-même, à partir de quand il vaut mieux qu'il interroge l'auteur, lui suggère une modification sans la lui imposer, voire... laisse courir, même s'il estime lui-même que le texte gagnerait à être modifié.
Enfin... il peut aussi y avoir des incompatibilités ! La relation auteur/correcteur est comme toute relation humaine : sujette au feeling, au coup de gueule, aux tensions, à la discussion, laquelle peut parfois être houleuse, même si on cherche à l'éviter !
Vous n'êtes évidemment pas obligé d'accepter toutes les corrections, modifications ou suggestions faites par le correcteur, mais... c'est sous votre propre responsabilité !
Je vous conseille plutôt d'essayer de bien définir votre demande et ses limites, et de les lui exposer le plus clairement possible, afin qu'il comprenne au plus près vos attentes.
Ensuite, libre à lui de poursuivre avec vous, ou de vous rendre votre manuscrit s'il juge qu'il n'est pas en situation d'assumer le travail demandé dans les conditions que vous lui indiquez.
Auteur comme correcteur sont libres de vouloir travailler ensemble ou de ne pas le vouloir !
Reste à savoir aussi si le correcteur dont vous parlez ici est un professionnel de la correction, s'il a l'expérience de l'édition – et s'il corrige votre texte plus en fonction de ce qu'il connaît ou pense connaître de l'exigence éditoriale, ou s'il corrige plutôt selon son propre goût : il est toujours difficile de faire la part des choses ici, mais, en dernier recours, de toute façon, c'est toujours l'auteur qui reste maître à bord. Au risque de voir, en bout de course, son manuscrit refusé par les éditeurs, mais ça, un correcteur, à mon avis, ne suffit pas à l'empêcher, de toute façon.
Aussi, pardon d'être un peu lapidaire : soit ce correcteur corrige selon ses goûts personnels, et... ce n'est pas un professionnel recommandable.
Soit c'est un bon correcteur d'édition, qui met son expérience à votre service, et, alors..., ou bien vous lui faites confiance et acceptez une bonne part de ses suggestions, quitte à conserver certains autres passages tels quels, si vous y tenez ; ou bien vous prenez le parti de revoir par vous-même votre manuscrit, qui souffre peut-être d'avoir été insuffisamment travaillé ? Cela se peut aussi, surtout si c'est votre premier ouvrage.
C'est bien souvent le cas : les manuscrits de grands écrivains vous montreraient qu'eux-mêmes n'ont souvent pas lésiné sur le travail de réécriture, encore et encore.
"Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage", écrivait Boileau : ne vous braquez pas contre ce correcteur, si la mission est en cours, mais essayez plutôt de peser et soupeser ce qu'il vous dit ou écrit en marge, quitte à revoir le tout de fond en comble.
Vous pouvez aussi tester sur des amis non correcteurs, pour voir leurs réactions. N'oubliez pas que le lecteur-correcteur est votre premier lecteur ! Et que tous vos lecteurs ne seront jamais d'un avis unanime, quoi qu'il en soit de la qualité de votre écrit !
Et... détail un peu prosaïque, mais indispensable à prendre en compte : je ne connais pas de correcteur qui refuse de discuter ses corrections avec l'auteur, mais... ça fait des heures en plus à lui régler, au final !
Raison pour laquelle, si vous êtes heurté par ses interventions, vous auriez peut-être intérêt à revoir d'abord bien votre manuscrit... pour être vraiment sûr de ce que vous voulez voir maintenu coûte que coûte, sans trop de "discussions".
Pour ma part, je "suggère" assez abondamment, mais, si l'auteur maintient ses choix, j'ai tendance à ne pas vouloir en discuter des heures inutilement. Avec un auteur qui refuserait toutes mes suggestions dans les 20-30 premiers feuillets, j'estimerais que, ayant pris "le pouls" de l'auteur, je ne devrais plus lui faire que les suggestions réellement indispensables, et laisserais tomber le reste. Même si je n'en pense pas moins dans mon for intérieur...
Mais tout ça demeure très, très subjectif et dépend avant tout de la capacité de l'auteur et du correcteur à savoir échanger clairement dès le début !