J'ai OSÉ : j'ai contacté, obtenu un RV, j'y suis allée au flanc... et ça a marché.
Le principal est de commencer. ENSUITE, il faut... offrir à l'éditeur ce qu'il recherche et se rendre INDISPENSABLE, autant que faire se peut... Sentir ce qu'il veut, et le lui donner (en tout bien tout honneur, bien sûr

)
Ce qu'il veut, c'est, généralement,
de la qualité de travail, MAIS AUSSI de la disponibilité et de la fiabilité sur les délais. ET... des auteurs "contents" que le correcteur leur ait sauvé la mise, sans dénaturer leur texte.
Un éditeur content et des auteurs contents, c'est évidemment des bons points pour le correcteur qui espère qu'on lui redonnera du travail...
Selon ce que j'en "perçois", le CEC n'offre pas une formation suffisante. Cela dit, rien n'empêche de faire mieux et, surtout-surtout, BEAUCOUP PLUS. Un devoir tous les 15 jours, ça ne prépare pas à pouvoir se coltiner un million de signes durant un week-end, S'IL LE FAUT. Là, il faut pouvoir être rapide et sûr de soi. Il faut pouvoir être "pro" dès le premier ouvrage qu'on nous confie : ce n'est pas le moment de foirer, sinon, le premier ouvrage sera aussi le dernier...
Or personne ne peut savoir à l'avance si l'éditeur contacté, chez qui on va débuter peut-être, ne commencera pas par vous filer un million de signes d'entrée de jeu ! Tout dépend de ce qu'il a à faire corriger "en urgence" au moment T où on le contacte.
Il faut comprendre, je crois, que personne "n'aime" les correcteurs (considérés comme des "improductifs", voire comme de fieffés emmerdeurs), mais qu'on est tout de même bien content d'en trouver un qui assure, quand on en a BESOIN. C'est vrai pour les éditeurs, et c'est vrai pour les auteurs...
C'est assez logique, puisque nous avons le mauvais rôle, en faisant remarquer à l'auteur ce qui est difficile à avaler : son texte n'est pas parfait... et "mérite" d'être corrigé. Pas toujours facile à envisager quand on est l'auteur en question ! C'est au correcteur que revient la tâche de le lui faire accepter... La prochaine fois, le même auteur sera peut-être demandeur, du coup... Tout arrive !
A L'Express, Angelo Rinaldi, lui, venait nous voir plein d'angoisse, s'il voyait revenir sa chronique littéraire avec une virgule ajoutée en rouge pour toute correction (il écrit comme un dieu) : "Vous êtes sûre que mon papier a été bien relu ?", demandait-il, inquiet qu'on l'ait relu un peu trop vite peut-être... !
Le conseil qu'on m'avait donné à mes débuts se révéla judicieux : commencer par rechercher du boulot chez des éditeurs
pour qui on n'a pas vraiment envie de travailler – au cas où on aurait encore des lacunes, ça ne portera pas trop à conséquence, on ira voir ailleurs ensuite.
Ne se présenter chez les éditeurs qu'on chérit QUE lorsqu'on peut prétendre être vraiment un "très bon"...
Moi, le tout premier contact fut aux éditions Atlas, chez qui m'avait pistonnée mon parrain syndical, celui qui m'avait formée en parallèle à Coforma, où le syndicat avait refusé de m'inscrire.
J'ai complètement raté le test, la honte ! Je me suis re-préparée à mort, et j'ai retenté ma chance chez Laffont, et, là, ça a marché : j'y suis restée une quinzaine d'années et cet éditeur m'a surchargée de boulot...
Le ratage chez Atlas n'a, du reste, pas découragé le chef correcteur de me confier, un peu plus tard, la relecture intégrale de l'encyclopédie du Million, de la préparation de copie jusqu'au BAT : un boulot d'enfer, mais ô combien formateur !
Voilà quelques "réflexions" sur mes débuts, au cas où ça pourrait servir à d'autres

Pas le temps de me relire, pardon !
PS : j'ajoute que, aujourd'hui comme il y a trente ans, à mes débuts, je suis convaincue qu'il y a une foule de mauvais correcteurs ou "non-correcteurs" qui se disent professionnels – il n'y a qu'à consulter les annonces et les sites Internet pour s'en apercevoir. Certes, les éditeurs font avec, mais... ça ne dit pas, pour autant, qu'ils n'aimeraient pas trouver enfin un BON correcteur ! Surtout s'il accepte de travailler pour le même tarif

A faire remonter peu à peu...
Il n'y a peut-être "plus de boulot" ou quasi, mais il n'y a plus NON PLUS beaucoup de très bons correcteurs... Vu le niveau de formation scolaire, vu le manque de formation professionnelle... L'enjeu, donc, est de devenir "très bon", et, là, je pense qu'il y a encore des places à prendre... Si on se contente de faire du Prolexis en à peine mieux, c'est sûr que ce sera difficile de se faire considérer comme "indispensable".
PS 2 : la stratégie bien connue reste évidemment valable aussi : trouver un bouquin, un texte sorti de chez l'éditeur qu'on contacte, y trouver une foule de fautes les plus grossières, des incohérences, des informations erronées, et... lui apporter les quelques feuillets corrigés... C'est basique, mais c'est toujours un argument utile à faire valoir.